Après une année universitaire mouvementée et qui s’est achevée tardivement, on profite de la pause estivale pour faire un peu d’intendance sur le site et pour partager autour de quelques thématiques des textes publiés. Nouvel épisode autour de la transparence, du numérique et de Black Mirror !
Episode 2 – « Transparence, panopticon numérique & Black Mirror »
L’actualité des dernières semaines a remis sur le devant de la scène la question de la transparence (des données, du Gouvernement, des organisations, de la recherche,etc.) tout comme celle de la surveillance avec de nombreuses interrogations sur l’application « StopCovid ».
Ces dernières années, la question de la transparence a animé de nombreux travaux de chercheurs en lien avec les changements et les interrogations portées par le numérique. On ne peut cependant pas la travailler sans réfléchir également à la question de la sur-veillance (sous-veillance et inter-veillance) et de ses conséquences sur nos rapports avec les institutions, mais également les uns avec les autres.
Est-ce que le numérique modifie profondément la manière dont on pense, promeut et construit la transparence pour les institutions ? Quelles sont les limites de la transparence ? Peut-on parler d’un éthos numérique, d’une parrhesia digitale ? Quelles sont les nouvelles formes de la surveillance ?
Voilà quelques questions que j’aborde dans ces différents textes et qui animent notre rapport à la culture numérique, la communication et les organisations. On commence par deux textes sur la série Black Mirror…
BLACK MIRROR, TYRANNIE DE LA TRANSPARENCE, SOCIETE DE LA SURVEILLANCE
Dans ces deux chapitres coécrits avec Julie Escurignan nous explorons les liens entre la série dystopique Black Mirror et les concepts de transparence, surveillance, mais également l’évolution de nos ethos numériques dans un environnement médiatique en changement.
François Allard-Huver, Julie Escurignan. Black Mirror’s Nosedive as a new Panopticon: Interveillance and Digital Parrhesia in Alternative Realities. Angela M. Cirucci; Barry Vacker. Black Mirror and Critical Media Theory, Rowman & Littlefield Publishing Group, pp.43-54, 2018, 978-1-4985-7353-5.
Dans cette première collaboration avec Julie Escurignan, nous avons fait le choix de nous concentrer sur un épisode particulier de Black Mirror : « Nosedive ». Dans un monde où la notation sociale garantit le statut social, l’épisode suit la descente aux enfers d’une jeune femme obnubilée par son image sur les réseaux sociaux.
Entre personal marketing, quantification de soi et mise en scène de soi, ce chapitre nous permet de travailler sur les concepts d’interveillance et de parrhesia tout comme d’explorer les conséquences pas si lointaines d’un monde devenu un gigantesque panopticon numérique.
Le texte du chapitre (version auteur en anglais) sur Hal : Black Mirror’s Nosedive as a new Panopticon: Interveillance and Digital Parrhesia in Alternative Realities
Julie Escurignan, François Allard-Huver. It’s More Like an Eternal Waking Nightmare from Which There Is No Escape. Media and Technologies as (Digital) Prisons in Black Mirror. Marcus Harmes; Meredith Harmes; Barbara Harmes. The Palgrave Handbook of Incarceration in Popular Culture, Palgrave Macmillan, pp.487-498, 2020, 978-3-030-36058-0.
Dans Black Mirror la thématique de l’emprisonnement est fréquente qu’il s’agisse de prisons physiques ou de formes d’incarcération numérique. Dans ce chapitre, nous nous appuyons sur les travaux de Michel Foucault et les prisons pour questionner notre rapport aux technologies numériques.
Parfois prisons pour le corps et pour l’esprit, la série nous amène à reconsidérer nos usages des technologies. En effet, nos « nouvelles » technologies de l’information et de la communication ne créent-elles pas bien souvent de nouvelles formes de servitude sous prétexte de nous « libérer » de nos anciens carcans ?
Le texte du chapitre (version auteur en anglais) sur Hal : It’s More Like an Eternal Waking Nightmare from Which There Is No Escape. Media and Technologies as (Digital) Prisons in Black Mirror.
ETHOS NUMERIQUE & TRANSPARENCE
François Allard-Huver. De la parrhesia à la digital parrhesia : ethos numérique, identité et transparence en questions. Itinéraires. Littérature, textes, cultures, Pléiade (EA 7338), 2016, 2015-3.
Publié en 2016 dans la revue Itinéraires, dans le numéro consacré à l’Ethos Numérique, cet article étudie la relation complexe entre ethos et sphère publique.
Je m’appuie sur des travaux précédents sur le concept de digital parrhesia. J’applique cette recherche à deux cas d’études : la question des faux avis de consommateurs et celle des faux « followers », et la question de faux mouvements de citoyens – astroturfing – sur le Web, construits et manipulés par des lobbys au service de marques ou de causes particulières.
Le texte intégral de l’article est disponible sur HAL : De la parrhesia à la digital parrhesia : ethos numérique, identité et transparence en questions et sur le site de la revue Itinéraires.
Quels sont les liens entre transparence et organisations ? Quels sont les concepts qu’on associe à celui de transparence ? Est-ce que le numérique modifie profondément la manière dont on pense, promeut et construit la transparence pour les institutions ? Quelles sont les limites de la transparence ? En quoi la question de la parrhesia nous permet-elle de repenser l’éthique de la transparence numérique ? Peut-on parler d’un éthos numérique ?
Voilà quelques questions que j’aborde dans ces différents textes et qui animent mon rapport à la culture numérique, la communication et les organisations.
USER, SURVEILLER, NEGOCIER ET BRACONNER
François Allard-Huver. User, surveiller, négocier et braconner. Les limites de la « transparence » des données. Clément Mabi; Jean-Christophe Plantin; Laurence Monnoyer-Smit. Ouvrir, partager, réutiliser. Regards critiques sur les données numériques, Éditions de la Maison des sciences de l’homme – EMSH, pp.36-54, 2017, 9782735123865.
Dans ce texte, j’explore les liens entre les discours sur la « transparence » et l’ouverture des données. Je m’intéresse tout particulièrement aux dispositifs sociotechniques de l’évaluation et de la gestion du risque environnemental, construit par la Food and Drug Administration aux Etats-Unis et l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments.
La construction de ces dispositifs, leur négociation et les jeux de pouvoir entre acteurs et actrices-institutionnels, professionnels et de la société civile-constituent également les axes de ce travail de recherche. Ces différents cas illustrent comment les acteurs et les actrices utilisent, négocient, surveillent voire braconnent les politiques d’open data.
Le texte édité par la Fondation Maison des Sciences de l’Homme est disponible sur HAL : User, surveiller, négocier et braconner. Les limites de la « transparence » des données
Retrouvez ici plus de textes sur la transparence, le numérique, la parrhesia, etc.
Niveau Bonus !
Petite interview pour UNSA Education où on parle #FakeNews, #Transparence, #Astroturfing, etc.